Le mot du libraire – Lettres, Maximes et Sentences d’Épicure

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Parce que ce sont ceux qui lisent le plus qui en parlent le moins, cette chronique fait entendre la voix des lecteurs passionnés que sont les libraires. Céline, de l’incontournable librairie arlésienne De Natura Rerum, vous fait découvrir aujourd'hui Lettres, Maximes et Sentences d'Épicure (Les Belles Lettres, 2024).

Si comme moi vous attendiez avec beaucoup d’impatience la sortie d’un nouveau classique en poche, vous ne serez pas déçu par ce livre. Après Aristote, Platon et Plotin, la collection des Belles Lettres nous propose un philosophe indémodable : Épicure. Sans cesse (re)lu et cité, ce grec du IV/IIIᵉ av. J.-C. est doté d’une incroyable longévité. André Comte-Sponville, son introducteur dans cet ouvrage, écrit même de lui qu’il est « à bien des égards notre contemporain ». En effet, Épicure nous enjoint, encore aujourd’hui, à nous abreuver du monde, « à y trouver, à la mesure de nos moyens, le chemin d’un certain bonheur, adapté à notre finitude ». C’est donc un philosophe qui sait répondre aux moments de crise qu’ils soient anciens ou contemporains.

La postérité a fait d’Épicure l’égal d’un dieu, notamment grâce à Lucrèce, à ses épigones et à la pérennité de sa doctrine. Pourtant, de ce philosophe, il ne nous reste que trois lettres, quarante maximes et une petite biographie écrite par Diogène Laërce. Ce sont ces lettres et maximes que nous retrouvons dans cet ouvrage, dans la traduction d’Alfred Ernout et de Jean-Louis Poirier.

Les trois lettres constituent heureusement un abrégé de la philosophie d’Épicure. Elles proposent sa doctrine physique, logique et éthique. À travers elles et dans ses maximes, le philosophe antique nous apprend à comprendre la matérialité du monde et à savoir jouir, rire, aimer mais de manière limitée et sous une certaine rigueur. Car, a contrario des idées reçues, l’épicurisme n’est pas une philosophie du jouir sans retenu ni raison. Bien au contraire, Épicure appelle chacun à limiter ses désirs parce qu’en soi ils sont déjà limités.

Accompagné d’une brillante introduction d’André Comte-Sponville, cet ouvrage nous offre un condensé de la pensée épicurienne par son grand fondateur, dans la traduction de Jean-Louis Poirier et d’Alfred Ernout. Par son format poche, cet ouvrage est un parfait livre de chevet, à toujours avoir à portée de main !

Éditions des Belles Lettres
XXX + 154 pages
13,50 euros

Céline Poulain / La Vie des Classiques / De Natura Rerum