Nuit & Jour

8 juin 2020
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Pour bien commencer la semaine, La Vie des Classiques vous offre un monument de création et de poésie pure : partons aux confins du monde, dans la demeure de la Nuit et du Jour,  avec Hésiode.

Théogonie, 744-774

"Là se dresse l’effrayante demeure de l’infernale Nuit, qu’enveloppent de sombres nuées.

Devant cette demeure, le fils de Japet, debout, soutient le vaste ciel de sa tête et de ses bras infatigables, sans faiblir. C’est là que Nuit et Lumière du Jour (Héméré) se rencontrent et se saluent, en franchissant le vaste seuil d’airain. L’une va descendre et rentrer à l’heure même où l’autre sort, et jamais la demeure ne les enferme toutes deux à la fois ; mais toujours l’une est au dehors, parcourant la terre, tandis que, gardant la maison à son tour, l’autre attend que vienne pour elle l’heure du départ. L’une tient en mains pour les hommes la lumière qui luit à d’innombrables yeux ; l’autre porte en ses bras Sommeil (Hypnos), frère de Trépas (Thanatos) : c’est la pernicieuse Nuit, enveloppée d’un nuage de brume.

Là ont leur séjour les enfants de la Nuit obscure, Sommeil (Hypnos) et Trépas (Thanatos), dieux terribles. Jamais Soleil (Hélios) aux rayons ardents n’a pour eux un regard, qu’il monte au ciel ou du ciel redescende. L’un va parcourant la terre et le vaste dos de la mer, tranquille et doux pour les hommes. L’autre a un cœur de fer, une âme d’airain, implacable, dans sa poitrine ; il tient à jamais l’homme qu’il a pris ; il est en haine même aux dieux immortels."

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